Le nénuphar

Le pourquoi, bien sûr. Il en grêle. De ces pourquoi sans interrogation. Ils n’appellent pas de réponses. Juste ils reflètent un état d’esprit. Une sortie de parenthèse. Pourquoi ce soir chez ces gens-là. Pourquoi ce partage au-delà des mots avec des regards profonds et l’irrésistible force du toucher. Parce que amour tout simplement, en mesurant parfaitement toute la complexité et tous les chemins et tous les giratoires et toutes les impasses qui ont précédé ce tout simplement.
Une vie s’en est allée dans son sommeil un 22 janvier et le matin suivant, d’autres vies se sont réveillé avec l’impression de se cogner la gueule contre le plafond.
Nous sommes là avec eux ce soir. Cela n’a pas de sens d’une certaine manière, on ne se connait pas tant que ça, pas si bien que cela, mais nous sommes là avec juste l’envie de soutenir de comprendre ensemble et de savoir que l’on ne comprendra de toute façon pas.
On pensera pourquoi. On le dira sans le dire. On y répondra sans y répondre.
Il y a de l’hagard parfois dans nos quotidiens. Des chocs. Un air de chaos, car une vie qui s’en va en entraîne d’autres et chacun fait comme il peut.
Il pleut des larmes y compris celles qui se retiennent.
Et c’est juste cela qui est à vivre. A vivre aussi. Ici. Maintenant. Pendant que les coups de téléphone s’amoncellent et que les pensées se multiplient. Logiques. Irrationnelles. Nombeuses. Absentes.
Une vie qui s’en va dit beaucoup des vies qui restent. Et de la personne qui déjà n’est plus là. Ces vies qui restent étalent leur chagrin a côté de l’absente sans qu’il soit impudique de l’oser, ce chagrin. Au contraire.
Définitivement disons-le : les pourquoi roulent en vagues aux côtés des pourquoi pas. Ça va et ça vient. Ça ne va pas et ça ne vient pas. Tout est dans l’improbable équilibre de ces masses contraires et de ces ressacs.
Une lumière s’est éteinte. Une fleur s’est fanée. Il en va des femmes et des hommes comme des saisons. Et pourquoi les saisons. Pourquoi le vent le sable la forêt le nénuphar. Pourquoi la mer. Pourquoi le fleuve. Pourquoi la rivière.
Parce que la vie. Parce que l’amour. Et c’est à peu près tout.

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